Lorsque le 17 septembre prochain s’achèvera la vingt-troisième édition de l’Open de France, nous serons à 313 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Si le programme équestre olympique propose du saut d’obstacles, du dressage et du concours complet, il n’y aura pas de polo. Pourtant cette discipline a été présente à cinq reprises dans le programme olympique. Mais quelque chose nous dit que le Polo Club du Domaine de Chantilly palliera cette absence d’une façon ou d’une autre….
L'Argentine (Juan Nelson, Enrique Padilla, Arturo Kenny et Juan Miles ) médaille d'or de polo aux Jeux olympiques de Paris 1924. © Prensa AAP
Le polo a fait sa première apparition dès la deuxième édition des Jeux olympiques en 1900 à Paris. Les équipes étaient mixtes sur le plan des nationalités, il s’agissait plutôt de formations de club. L’Angleterre était présente sur les trois marches du podium en coalition avec les Etats-Unis (or et argent) et la France (bronze). La Grande-Bretagne confirma encore cette hégémonie à Londres (1908) et à Anvers (1920). L’Argentine était alors absente du débat. Mais aux deuxièmes Jeux de Paris, en 1924, sur l'actuel site du golf de Saint-Cloud, elle allait mettre fin à jamais à cette domination britannique, au-delà même des seuls jeux olympiques.
Sur ce slider : Juan Diego Nelson, médaille d'or à Paris 1924 ; l'affiche des J.O Paris 1024, le terrain sur l'actuel n°3 du golf de Saint-Cloud ; Jack Nelson et Enrique Padilla, médaillés d'or à Paris 1924. ©Prensa AAP et Roger-Violet (pour la photo d'action).
Deux ans auparavant, en 1922, l’Argentine envoyait pour la première fois une équipe en tournée en Angleterre et aux États-Unis. Si les joueurs portaient des noms à consonance britannique – John Miles, John Nelson, David Miles et Luis Lacey, trente-deux de handicap à eux quatre – ces hommes étaient bien argentins et parlaient bien le castillan qui devenait subrepticement la langue du polo. L’équipe remportait les Opens Britannique et US et dix-huit des vingt tournois auxquels elle a participé. Elle s’inclinera cependant (7-4) face à une sélection américaine, l’un des deux frères Miles s’étant blessé. Cette première sortie posa les premières pierres de la suprématie argentine qui se mettait en place et qui allait être entérinée deux ans plus tard aux Jeux olympiques de Paris.
Une équipe de vingt-cinq goals composée de Juan Nelson, Enrique Padilla, Arturo Kenny et Juan Miles – on remarquera que les prénoms de Miles et de Nelson ont été hispanisés depuis 1922 – a donc été déléguée par l’AAP pour ce premier rendez-vous historique avec les Jeux ! L’Argentine écrasera tout le monde sur son passage : 16-2 contre l’Espagne, 9-5 contre la Grande-Bretagne et 15-2 contre les malheureux Français avec Jules Macaire, le grand-père de Lionel et Stéphane, en leurs rangs. Mais ces deux derniers matchs n’étaient plus qu’une formalité vers la médaille d’or car l’Argentine avait déjà battu son plus redoutable adversaire, les États-Unis (6-5) et leur héros du moment, Tommy Hitchcock, handicap 10 à vingt-deux ans et qui avait été la figure du développement du polo US dans les années 20.
Évidemment, les champions olympiques argentins sont revenus en héros dans leur pays et ce titre a accéléré le développement du polo argentin. Désormais, les terrains pour le haut-niveau ne sont plus des bouts de pampa délimités par des drapeaux, mais des sols soignés, jardinés pour le bien des membres des chevaux et un meilleur contrôle de la balle rendant le jeu encore plus spectaculaire.
Le polo sera absent des Jeux olympiques de 1928 et de 1932 pour revenir à l’édition de triste mémoire de 1936, dans l’Allemagne nazie. Une Allemagne qui sera humiliée à chacune de ses sorties et finira bonne dernière tandis que, comme en 1924, l’Argentine punira tous les adversaires qu’elle rencontrera et surtout le Royaume-Uni en finale devant soixante-seize-mille spectateurs : 11 à 0 ! Manuel Andrada, Andrés Gazzotti, Roberto Cavanagh et Luis Duggan étaient les finalistes mais l’Argentine avait déplacé sept joueurs et parmi ces noms (Cavanagh, Alberdi) on retrouve les grands-pères de grands joueurs actuels comme Diego Cavanagh (h8) que l’on reverra à l’Open de France en septembre ou Alejandro Díaz Alberdi, vainqueur de l’Open d’Argentine en 1996. L’Argentine avait pris cette affaire très au sérieux investissant dans l’envoi de cinquante-sept chevaux qui sont restés basés plusieurs mois en France avant les Jeux pour leur permettre de s’acclimater et à l’équipe de bien se préparer.
Après Berlin, le polo disparaîtra à jamais du programme olympique… et l’Argentine est donc toujours Championne olympique en titre !
Pendant Paris 2024, à l’issue des épreuves équestres olympiques (dressage, concours complet et saut d’obstacles) qui se dérouleront à Versailles, le Polo Club du Domaine de Chantilly proposera un tournoi mémorial international qui réunira les quatre meilleures nations des jeux de 1924 avec l’Argentine, les États-Unis, l’Angleterre et la France. La finale se jouera le mercredi 7 août, lendemain de la finale olympique de saut d’obstacles par équipe.
Sources :
Passion & Glory: A Century of Argentine Polo, Luisa Miguens
The Polo Encyclopedia par Horace A. Laffaye et Stephen Orthwein
Merci à l'Asociación Argentina de Polo et à Javier Figoli pour les illustrations
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