Symbole fort que ces images de Pierre Durand portant la flamme olympique à travers « ses » vignobles du Saint-Émilion la semaine dernière. On connaît l’attachement du Bordelais aux valeurs de l’olympisme et ce moment était assurément important pour le médaillé d’or de Séoul. D’autres cavaliers, notamment anciens médaillés olympiques, porteront également la flamme d’ici le 26 juillet prochain, mais…
© DR Pierre Durand
... aucun de ces anciens médaillés olympiques n’a, à ce jour, été invité à assister, ne serait-ce qu’une seule journée, aux épreuves équestres de Versailles. À commencer par Pierre Durand dont il est inutile ici de rappeler sa formidable histoire olympique, dernier médaillé d’or individuel (il n’y en a eu que quatre dans toute l’histoire des Jeux dont deux fois le même, Pierre Jonquères d’Oriola). Durand n’a pas été seulement champion olympique, mais il fut également président de la Fédération, à laquelle il a laissé en héritage, entre autres, la manne de tous les engagements en compétitions dont la FFE et ses filiales profitent aujourd’hui. Et pourtant : « Effectivement, je n’ai pas reçu d’invitation de la part de la FFE (pas davantage de la FEI) pour les épreuves équestres. Simplement, la FFE m’a transféré l’offre du CNOSF de deux billets pour les compétitions de mon choix. Pas forcément l’équitation. À la suite d’une erreur sur mon adresse mail, cette offre m’est parvenue tardivement : je n’ai pu choisir que ce qui restait…soit le skate-board, place de la Concorde. À mourir de rire. Heureusement, j’avais acheté en son temps des places en tribune pour assister aux finales du saut d’obstacles par équipe et en individuel. Et puis, ma candidature en tant que volontaire ayant été retenue, je serai sur place à Versailles en cette qualité… Voilà la situation à ce jour ». Bénévole pour pouvoir être présent à Versailles, est-ce vraiment du standing d’un ancien champion olympique ?
Les Rozier, père et fils, champions olympiques par équipe en 1976 et en 1996 – une autre très belle histoire olympique, ont dû eux-aussi acheter leurs places pour assister à la finale du saut d’obstacles par équipe. Philippe portera la flamme le 24 juillet… à Jardy : « J’aurais aimé la porter à Fontainebleau en la recevant de mon père, mais personne ne lui a proposé. Je pense qu’il avait sa place ». C’est vrai qu’un passage de relais entre père et fils comme le rugby a su le faire entre Émile et Romain Ntamack, aurait eu de l’allure. « La fédération semble oublier la belle histoire de notre sport, apparemment ».
Même traitement de défaveur pour Alexandra Ledermann, dernière médaillée individuelle française de l’histoire (bronze à Atlanta en 1996) et une des cinq seules femmes à être montée sur un podium olympique depuis Marion Coakes en 1968 jusqu’à Beezie Maden en 2008. Elle aussi n’a pas reçu la moindre invitation de la part d’une fédération à qui elle a également apporté un titre de Championne d’Europe : « Le CNOSF m’a proposé deux billets gratuits pour la discipline de mon choix, mais je ne vais pas y aller ». Alexandra devait porter la flamme jeudi prochain, mais elle a dû se désister, car elle doit ce jour-là se rendre à un concours au Touquet au volant de son camion. Priorité au travail.
En concours complet, même punition visiblement pour Didier Courrèges, Jean-Luc Force, Jean Teulère ou Mathieu Lemoine. D’autres aussi certainement. Bref, ceux de nos anciennes gloires olympiques qui seront à Versailles, le seront... à cheval (« pour Paris ») s’ils sont sélectionnés ! Ainsi, les valeurs sportives et de l’olympisme semblent s’estomper avec le temps, à l’image du troisième relayeur sur le port de Marseille qui n’était en rien une icone sportive, mais un rappeur bankable auprès d’un certain public.
… Mais peut-être que ces invitations vont finir par arriver…
3 eme fédération française en terme de licenciés; le parent pauvre du sport français; jamais retransmis ! Sans doute trop subtil pour le monde de l’audiovisuel qui privilégie le fric plus que le sport. D’ailleurs, le sport existe-t-il encore ?